Une alliance entre la Nature et l’Homme
L’histoire entre le riz et la Camargue débute en 1593. Sur les conseils de son ministre Sully, Henry IV ordonnait l’implantation de canne à sucre, de garance et de riz en Camargue.
Ce n’est que dans les années 40 que la riziculture connaît son réel essor. Grâce au dynamisme des riziculteurs, la riziculture représente en 2021 près de 12 000 ha de production.
Véritable acteur économique, le riz constitue aussi un atout écologique majeur pour la préservation de l’écosystème camarguais. Paradoxalement, l’intervention humaine a permis l’apparition d’une biodiversité riche et unique.
L’eau amenée par pompage pour les cultures remplaçant celle des crues du Rhône (endigué en 1860) permet de conserver l’équilibre du delta.
Étape et refuge de millions d’oiseaux, la Camargue est un bel exemple d’alliance réussie entre la Nature et les Hommes. Sans apport d’eau douce, la Camargue serait un désert salé.
Le Riz de Camargue, une identification géographique protégée
Depuis 2000, les riz de Camargue possèdent un gage de qualité et garantissant l’origine. Les riziculteurs camarguais et l’ensemble des métiers de la filière sont impliqués dans la production de riz d’une qualité supérieure dans le respect de l’environnement.
L’Indication Géographique Protégée (IGP) est un signe européen protégeant le nom « Riz de Camargue » et son aire de production. Un cahier des charges défini les exigences de la filière tout au long du cycle de production : riziculteur, organisme stockeur, rizier (transformateur) et conditionneur.
Ce label impose notamment le respect du savoir-faire traditionnel camarguais et traçabilité du produit garantie.
La riziculture en Camargue, entre des hauts et des bas
Fortement encouragée par l’État pendant la 2ème guerre mondiale pour pallier la pénurie vivrière et la cessation de l’approvisionnement colonial, la riziculture connut un essor fulgurant grâce au Plan Marshall.
Pour la seule Grande Camargue, les emblavements rizicoles passèrent de 250 ha en 1942 à 1000 ha en 1945, à 13 000 ha dix ans plus tard puis 32 500 ha en 1961.
En 1963, la mise en place du marché commun agricole provoque une baisse du prix du riz à la production. Les riziculteurs français qui ont des coûts de production plus élevés et des rendements plus faibles que leurs homologues italiens, voient alors leur revenu chuter.
On assite à une réduction progressive des surfaces de riz, qui n’atteignent plus que 4 400 ha en 1981.
La disparition de la riziculture menace l’équilibre écologique de la Camargue du fait de la re-salinisation des terres.
Un plan de relance est alors mis en place. Il vise la culture de 20 000 ha de riz en 1990. Ce plan rencontre un franc succès : en 1994, 24 000 ha sont cultivés dont 14 000 pour la seule île de Camargue.
Pourtant depuis 1995, la riziculture camarguaise traverse une nouvelle crise qui s’explique par des facteurs économiques (baisse du prix du paddy payé aux producteurs et augmentation régulière des coûts de production) et techniques (stagnation des rendements, maîtrise difficile de l’enherbement et du riz adventice).
Si le nombre de riziculteurs reste relativement stable, entre 180 et 200, les surfaces consacrées à la culture du riz diminuent d’année et année. Alors que les semis de riz ne couvraient plus que 13 000 ha en 2018, aujourd’hui on avoisine les 10 000 ha. Certaines parcelles ayant été privilégiées plutôt pour d’autres cultures plus rentables comme le melon, la tomate ou le blé.
Sources :
@ Parc naturel régional de Camargue 05/2008